L'or pour augmenter la valeur perçue
Un gramme d’or. Un kilo de mythe. Ce que les marques ont compris sur le désir, le sacré — et l’art d’ajouter de l’inutile pour vendre de l’inestimable.
Lucie Michaut
9/16/20253 min read


L’or, cet archétype marketing : quand l’inutile devient inestimable
Il suffit d’un éclat d’or pour faire croire à la rareté.
Dans une eau de vie helvétique, un vernis à ongles, ou un masque facial.
L'or ne modifie ni le goût, ni la texture, ni l’efficacité. Il installe un mythe. Une stratégie aussi ancienne que les ors de Byzance : ajouter de l’inutile pour prétendre à l’inestimable.
Dans chaque flacon de Goldschläger, des flocons d’or 24 carats virevoltent comme un tour de passe-passe helvétique. Plus ancienne encore, la Goldwasser, née à Dantzig en 1598, perpétue un rituel d’apparat : de l’or 23 carats en suspension (non pour flatter le palais, mais pour séduire l’œil).
En cosmétique aussi, l’or s’installe dans la formule, plus incantatoire que transformatrice. GoldCosmetica le distille en feuilles et sérums. Mimi Luzon le colle au visage de mannequins comme un masque de pouvoir. OPI, enfin, le dépose sur les ongles.
Partout, le métal précieux devient prétexte à envolée tarifaire.
Un gramme de matière, un kilo de discours. Une poudre à 60€ le gramme.
Pourquoi ça marche ?
Parce qu’on ne paie pas pour ce que cela fait.
On paie pour ce que cela dit.
Ad augusta per angusta. Vers la grandeur, par le détail minime.
La maison Leclerc Briant, relancée par Denise Dupré et Mark Nunnelly, a conçu une cuvée "la Divine" qui vieillit dans une cuve doublée d’or 24 carats.
Ici, l’or ne flotte pas dans la coupe mais il enveloppe le vin de bonnes énergies.
L’or n’est pas un ingrédient. C’est une invocation. Dans l’inconscient collectif, il est matière divine. Celle qui traverse les âges. Il fut la chair des dieux, le sang des rois, l’habit du sacré.
À lui seul, il condense la richesse, le pouvoir, l’éternité. On ne l’ajoute pas pour ce qu’il fait, mais pour ce qu’il évoque : le miracle, le secret, la transcendance.
Le marketing le sait mieux que quiconque. Il ne glisse pas de l’or dans ses produits. Il place un archétype. Qui promet la perfection. L'excellence. La grandeur. L'éternité.
Ce qu’il incarne dépasse ce qu’il est.
Et c’est bien pour ça qu’on le paie.
L’or : un ingrédient inutile, donc indispensable
L’or n’a pas de fonction. Il a une fonction symbolique.
Il ne change rien à l'efficacité d’un produit. Il change tout à sa perception.
Comme une signature gravée dans le marbre :
Regarde ce que je vaux, puisque je peux me permettre l’inutile.
Dans une époque obsédée par la performance, l’or réinstalle le geste gratuit, somptueux, théâtral.
Ce n’est pas un ajout. C’est un renversement.
💬 Dans ton offre, qu’est-ce qui relève de l’utilité ? Et qu’est-ce qui relève de l’incantation ? As-tu laissé de la place à l’inutile sacré ?
De la matière à l’archétype
L’or, ce n’est pas une couleur.
C’est une mémoire collective.
Il convoque des millénaires de récits :
Les dieux égyptiens
Les coffres d’El Dorado
Les couronnes et les calices
Les murs du Saint des Saints
L’or est un code. Et les marques qui l’utilisent le savent très bien.
Elles ne vendent pas un objet.
Elles vendent une histoire.
Un rêve d’immortalité.
✍️ Exercice minute :
Quel symbole ou matière incarne ton projet ? Est-ce qu’il évoque une valeur profonde ? Ou juste une tendance du moment ?
Ce que l’or dit de nous
Pourquoi cela fonctionne-t-il encore ?
Parce qu’au fond, on veut croire à la magie.
On veut que quelque chose d’aussi simple qu’une goutte, un vernis ou une coupe de champagne puisse faire de nous quelqu’un d’exceptionnel.
Pas objectivement. Symboliquement.
💬 Et toi, quelle est ta poudre d’or ? Ce petit rien qui change tout dans la perception qu’on a de toi, de ton travail, de ta marque ?
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